“Lorenzo Travisanutto peut être fier de son titre mondial”
Entraîneur diplômé fédéral (DE JEPS), Didier André a participé à la formation et à l’éclosion de plusieurs pilotes depuis qu’il se consacre à sa structure DADD (Didier André Driver Development). A la fin du mois de septembre, il était en Suède aux côtés de Lorenzo Travisanutto, qui a atteint son but ultime en devenant Champion du Monde FIA Karting en OK sur le circuit de Kristianstad. Un titre que Didier André a vécu avec beaucoup d’émotion, plus de 25 ans après être lui-même passé tout près de l’exploit.
C’est au début de cette saison que Lorenzo Travisanutto et Didier André se sont connus. Immédiatement, le courant est passé entre l’ancien champion de karting et d’Auto devenu entraîneur, et l’un des kartmen les plus en vue sur la scène internationale actuelle. “Lors des premières courses 2018, lorsque j’ai été amené à travailler sous la structure de Dino Chiesa, j’ai été impressionné par celui-ci, par ce qu’il a créé au travers de l’équipe KR Motorsport. Son châssis Kart Republic est extrêmement compétitif et il a mis en place des partenariats très forts, avec Nico Rosberg et l’usine IAME (moteurs Parilla) par exemple. C’est un brillant technicien et un team manager charismatique. Lorsque je courais, je me suis souvent retrouvé au coude à coude avec ses pilotes. Dans son team actuel, j’ai tout de suite remarqué Lorenzo Travisanutto,” avoue Didier André.
Une victoire vécue de l’intérieur
Au Championnat du Monde à Kristianstad, Didier André a retrouvé Dino et Lorenzo, avant de partager ce succès mondial au terme d’un dimanche pas comme les autres. “Je tiens à saluer le grand professionnalisme de tous les membres de l’équipe KR Motorsport. Il y règne une atmosphère de travail incroyable. Tout le monde possède la même ligne de conduite, le même état d’esprit. KR et Lorenzo Travisanutto peuvent être fiers de ce qu’ils ont accompli. Car il faut reconnaître que ce Championnat du Monde fut incroyablement difficile. Les conditions météorologiques ont changé fréquemment, les manches étaient très nombreuses, les pénalités pour un carénage avant en mauvaise position guettaient tous les pilotes. Il fallait vraiment être aussi rapide que régulier, ne pas commettre d’erreur.”
“De telles difficultés à gérer, la pression qui règne autour du pilote, je connais ça aussi. En 1990, je partais en première ligne en finale du Championnat du Monde aux côtés de Giancarlo Fisichella, mais un accrochage a ruiné mes espoirs. L’année suivante au Mans, j’étais tout près de monter sur le podium. Et en 1992, j’étais encore aux avant-postes, lorsque le moteur a cassé en préfinale. J’ai réussi à remonter 5e après une intense remontée. Même si je comptabilise par ailleurs quatre couronnes de Champion de France, un titre de vice Champion d’Europe et un podium à la Coupe du Monde, ces Championnats du Monde restent de grandes déceptions pour moi, mais aussi pour ceux qui m’entouraient, à commencer par Christian Boudon avec qui nous avions travaillé dur pour y arriver. Je peux donc comprendre aisément les sensations ressenties par Lorenzo et son équipe en Suède après ce titre.”
Trouver les bons mots
Cette victoire mondiale, Travisanutto a pourtant dû aller la chercher, en puisant au plus profond de lui, surtout lorsque son rival Hannes Janker lui a subtilisé le commandement durant la finale. “Avec Lorenzo, nous avons beaucoup parlé durant le week-end. Nous savions qu’il pouvait compter sur un matériel exceptionnel, mais il regardait les performances des autres pilotes, se posait des questions. Beaucoup de sportifs savent qu’ils sont capables de gagner de grands championnats, mais tant que ce moment n’est pas encore arrivé, les doutes sont toujours là ! Je lui ai dit qu’il devait se mettre dans la peau d’un champion, qu’il ne pouvait pas laisser passer cette opportunité. Le mental, c’est déterminant pour un sportif de haut niveau et Lorenzo l’a compris. L’important était de trouver les bons mots. Parfois, un seul regard suffisait pour le rendre encore plus fort.”
“Dans sa carrière, il lui est arrivé de commettre des erreurs. Mais à Kristianstad, sa maturité a encore évolué, il a été impérial. Il est aujourd’hui Champion du Monde et il le restera toute sa vie. A l’avenir, il sera encore plus dur à battre. Je tenais vraiment à le féliciter, en envoyant un clin d’oeil à toute son équipe. Avoir vécu ce moment, avec le logo Didier André Driver Development posé sur le casque de Lorenzo, cela m’a fait chaud au coeur et me permettra d’atténuer ces déceptions vécues lors des Championnats du Monde que j’ai perdus d’extrême justesse et auxquelles il m’arrive fréquemment de repenser,” a conclu l’entraîneur français.